شبكة الإستخبارات الإسلامية

Israel n’a pas fait avec El-barghouthi ce qu’a fait avec moi le régime algérien lors de ma détention.


- A ce jour, je ne connais pas les conditions dans lesquelles mon fils a disparu
- En ce qui concerne la chariaâ, la référence de tout musulman c’est le livre saint (le Coran) et la sunna (la conduite) du prophète (prière et salut d’Allah sur lui) et non pas Al-Qaeda.


Suite à l’entretien que nous a accordé le cheikh Ali Benhadj, nous avons reçu un important courrier contenant les questions les plus diverses que nous avons soumises au concerné.


Nous n’avons pas opéré de sélection, mais nous avons synthétisé les questions afin d’éviter les répétitions inutiles. Nous avonsdéjà publié une première partie des réponses, nous vous livrons, aujourd'hui, la deuxième partie.




5/ Est-ce que vous approuvez les actions armées de l’organisation « Al-Qaeda au Maghreb Islamique » comme celle qui a ciblé le palais du gouvernement et le siège de la représentation de l’ONU à Alger ?

Il faut savoir que l’organisation d’Al-Qaeda n’existait pas en Algérie du fait qu’elle a été créée en 1998 pour cibler les intérêts américains. Par la suite, certains groupes se sont affiliés à cette organisation dans plus d’un pays. Mais, cette affiliation est beaucoup plus médiatique qu’effective. Pour ce qui concerne l’Algérie, certains hommes politiques, dont le ministre des collectivités locales, Dahou Ould Kablia, et l’ambassadeur d’Algérie au Caire, Abdelkader Hadjar, ont nié la présence de cette organisation dans notre pays. Tandis que d’autres affirment le contraire. Il y a plutôt pas mal de contradictions sur ce sujet. La présence de cette organisation en Algérie est-elle réelle ou simplement médiatique et cela sert les intérêts du régime qui est en quête de sympathie auprès de la communauté internationale pour durer au pouvoir sous prétexte qu’il combat Al-Qaeda aux côtés des Américains et des Français.

Pourtant, les centres d’études aux USA et en France n’accordent pas une si grande importance à cette organisation au Maghreb. Bien au contraire, il y a des observateurs qui accusent certains régimes d’amplifier le rôle d’Al-Qaeda au Maghreb pour couvrir les causes réelles de la violence en Algérie, au Maroc et en Mauritanie. Même la Tunisie, qui commence à serrer l’étau autour des forces de l’opposition, trouve prétexte qu’elles ont des relations avec l’organisation d’Al-Qaeda.

Quant aux opérations que vous venez de citer, il faut qu’il y ait une enquête menée par un organe indépendant pour savoir qui est derrière et qui en tire profit. Je ne suis pas du genre à faire dans les dénonciations tous azimuts ni de ceux qui soutiennent n’importe qui. Je suis de ceux qui cherchent une solution politique à la crise algérienne qui verra la participation de toute la classe politique, pouvoir et opposition, à travers un congrès rassembleur qui mettra les points sur les « i » et au cours duquel on débattra de la crise, de ses causes et des voies efficaces qui aideraient à sa solution. Il faut trouver les moyens adéquats pour liquider les effets de cette crise de manière juste et équitable pour toutes les parties. En dehors de cette thèse qui est adoptée par les sages, la crise persistera et s’amplifiera davantage et sa solution finale ne sera que plus difficile.



6/ Que pensez-vous d’Al-Qaeda ?
Le fondateur de cette organisation jouissait de ses droits politiques en Arabie saoudite. Il n’a été déchu de sa nationalité saoudienne qu’en 1996. Durant toute cette période (de 1991 à 2003), j’étais en prison. Par conséquent, je n’ai aucune relation avec Al-Qaeda. Ceci pour le côté historique.

En ce qui concerne la chariaâ, la référence de tout musulman c’est le livre saint (le Coran) et la sunna (la conduite) du prophète (prière et salut d’Allah sur lui) et non pas Al-Qaeda. Cependant, il appartient à tout musulman de souhaiter la victoire à toute organisation islamiste qui combat l’agresseur étranger. Il y a bien une différence entre soutenir une organisation qui défend un droit légitime et l’adoption des thèses de cette organisation.

A chaque pays ses spécificités et ses hommes qui sont les mieux placés pour connaître les voies les plus appropriées pour la défense des droits légitimes. Quand le Front Islamique du Salut a été créé, il n’avait pas attendu la permission de telle ou telle autre organisation. Il est né au cœur de l’Algérie et de la matrice d’une société qui souffre de problèmes politiques, économiques, sociaux et culturels. Ceci est une évidence.
Quand nous soutenons le mouvement Hamas à Ghaza, cela ne signifie pas nécessairement qu’on en fait notre référence sur toutes les questions. Tout comme nous n’imposons pas nos positions sur les autres groupes et mouvements politiques. Chaque organisation active et œuvre selon une réalité propre à elle. Il est impératif de tenir compte de cette question qui est d’ordre idéologique.



7/ Est-ce que c’est vous qui avez poussé votre fils à se rendre au maquis et rejoindre les groupes armés ?
A ce jour, je ne connais pas les conditions dans lesquelles mon fils a disparu. Tout ce que je sais, je l’ai appris par ce qui est écrit dans la presse et à travers les comparutions devant la justice où est évoqué le nom de mon fils. J’ai assisté à certaines audiences et j’ai vu que les prévenus affirment que leurs déclarations faites à la police l’ont été sous la torture. Un autre prévenu affirme avoir recruté mon fils avant de se rétracter lors de l’audience suivante. Un fois il dit avoir été chargé du recrutement de mon fils avant de se rétracter pour dire qu’il a rencontré au maquis. L’auteur de ces déclarations est âgé de 38 ans, alors que mon fils en 20 de moins. Cette différence d’âge pose pas mal d’interrogations.

Autre point à relever, c’est que mon fils a disparu alors qu’il venait d’avoir 18 ans et 18 jours. C’est comme si on attendait qu’il atteigne cet âge pour qu’il disparaisse.

Dans une autre audience au tribunal, d’autres personnes disent avoir recruté mon fils. Derrière toutes ces contradictions, la vérité brille par son absence. Il n’y a que des photos et des vidéos réalisées par des anonymes et sur lesquelles on ne peut pas s’appuyer légalement pour connaître la vérité. D’autant que le ministre de l’intérieur et le directeur de la sûreté nationale ont déclaré que l’infiltration des groupes armés est devenue légale.



8/ Pourquoi ne lancez-vous pas un appel à votre fils et à ses compagnons pour déposer les armes ?
Je ne veux pas en faire une affaire personnelle. Je veux une solution politique juste, globale et équitable permettant à tous ceux qui ont pris les armes de se replonger dans les bras de la société au sein de laquelle ils jouiraient de tous leurs droits politiques, civiques et sociaux ainsi qu’en matière de prédication et d’information. De sorte qu’aucun citoyen algérien n’aurait à souffrir de l’exclusion ou de la marginalisation quelle que soit sa tendance politique ou idéologique.

Tant que le régime n’entre pas dans une phase de solution politique globale, il continuera, par sa répression, à entretenir les diverses apparences de la violence. Des groupes descendront du maquis au moment où temps y vont. D’autres groupes de jeunes seront contraints à quitter le pays dans ce qu’on appelle la « harga » et d’autres constitueront des bandes du crime organisé. Et cela sera plus dangereux pour la société que l’action armée.



9/ Que pensez-vous de l’accord passé entre l’AIS et le pouvoir ?
Je n’ai pas pris connaissances des clauses de cet accord. Quand il a eu lieu, j’étais à la prison militaire de Blida coupé du reste du monde. Et ce que je sais c’est que du côté officiel, c'est-à-dire du côté du ministère de la défense nationale et par la voix de l’ancien chef d’état-major, il n’y a aucun accord écrit entre les deux parties. Il défie quiconque en possession d’un accord écrit de le montrer. Ce défi est lancé à ceux qui ont négocié au nom de l’AIS. A ce jour, ces derniers n’ont pas répondu à ce défi lancé par Lamari en public à travers la télévision.

D’autre part, la majorité des frères qui ont déposé les armes dans le cadre de la politique de concorde nationale souffrent encore pour le recouvrement de leurs droits politiques, civiques et sociaux. Ils se comptent par milliers. L’administration et les différents services de sécurité se jouent de leur affaire. Le comble c’est quand le président de la république, dans un de ses discours, dit regretter que leur droit soit bafoué. Cela prouve que l’affaire le dépasse et est entre les mains de ceux qui l’ont amené à la tête du pouvoir. Cela prouve, aussi, qu’il est incapable d’honorer ses engagements pris devant le peuple durant ses deux derniers mandats.



10/ Pouvez-vous nous parler des conditions de votre détention, notamment la période d’isolement ?
D’abord, j’étais à la prison militaire de Blida. Ensuite, j’ai été transféré à la prison de Tizi-Ouzou alors que les autres frères codétenus sont restés à Blida. Lors des négociations avec le ministre de la défense nationale, Liamine Zeroual, les frères ont demandé à ce que je sois associé à ces négociations. Je les ai rejoint à Blida.

Avec l’échec des négociations, j’étais plongé dans un isolement total, d’abord à Blida ensuite à Tamanrasset sans que ni moi ni ma famille ne savions où j’étais. Moi, je pensais que j’étais à Illizi, d’après ce que j’ai entendu. Ce n’est que plus tard que j’ai su que j’étais à Tamanrasset. J’étais interdit de visite. Le régime m’a mis dans l’isolement total durant cinq années. Ce qui est une grave violation des droits du détenu. Même le détenu de droit commun ne peut pas subir pareil isolement qu’en serait-il alors du détenu purgeant une peine pour des raisons politiques que nul n’ignore.

Il n’est pas raisonnable de priver un détenu de la visite des membres de sa famille durant une si longue période. Cela ne s’est pas passé durant la période coloniale et ni en Israël ni à Guantanamo il n’y a eu autant de violations des droits du détenu politique. Israel n’a pas fait avec El-barghouthi ce qu’a fait avec moi le régime algérien. En prison, El-Barghouthi pouvait communiquer avec sa famille, recevoir des journalistes et communiquer. Alors que moi, en Algérie, j’étais dans l’isolement total.

Ma famille qui a frappé à toutes les portes, des ministères de l’intérieur, de la défense nationale, de la justice et de la présidence de la république, n’a pu obtenir une réponse satisfaisante. Nul ne pouvait lui indiquer l’endroit où je me trouvais. C’était là l’une des pires formes de tortures.



Propos recueillis par Hichem ABOUD



A suivre



http://www.racinesdoutremed.com/ali-benhadj-entretien4

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