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Le Hamas, roue de secours à Gaza


« Survivre à Gaza » livre écrit par Mohamed Al-Rantissi, un Palestinien ordinaire, un chirurgien qui vit et opère à Gaza, est à la fois un livre d’histoire et une recette. Bonnes feuilles.
L’histoire c’est celle, poignante et jamais entendue sur le ton du récit, d’une famille palestinienne de 1930 à aujourd’hui, avec l’exil et la survie dans les camps. La recette c’est, vue avec les yeux du Hamas, la solution à cette guerre qui dure depuis 80 ans. On peut enfin lire le programme du mouvement islamique tel que personne ne l’a entendu jusqu’à présent. Très Actuel.


Les bonnes feuilles du livre : p. 189 à 194

Le Hamas demande avec constance des négociations directes avec les Israéliens. Jusqu’à présent, il y a un refus total de nos ennemis. Les conversations, celles dont on parle à la télévision, n’ont été que des mises en scène : l’exécution d’ordres donnés par Tel-Aviv à l’Autorité palestinienne priée de jouer son rôle dans la comédie. Si une négociation avec les Israéliens est susceptible d’apporter le moindre bénéfice au peuple palestinien, le Hamas se tient prêt… Mais à sa manière : des conversations directes, sans conditions préalables.

Le Hamas dit « oui à de vraies négociations, non au théâtre »
Face à des Israéliens qui refusent, depuis toujours, une discussion sur le problème crucial, celui des frontières, il faudra imposer ce sujet dans l’ordre du jour. Quand eux-mêmes, et le monde occidental qui est leur soutien, accepteront la réalité, c’est-à-dire la représentativité du Hamas, et de discuter sur la définition du territoire, un vrai pas sera franchi sur le chemin de la paix… La position du mouvement islamique est simple : oui à de vraies négociations, non au théâtre.

Je n’ignore pas que nous sommes les victimes de la plus écrasante des propagandes. Que, sur notre compte, chacun s’exprime sauf nous ! Notre programme tient sur trois pages dactylographiées. Il a été distribué dans les rues de Gaza, mais son contenu a bien du mal à franchir les frontières. Alors en Occident, dans les journaux, les radios et les télés, on continue sciemment à faire de la désinformation, à nous diaboliser ce qui évite l’échange de vrais arguments. Un exemple, on s’acharne à nous reprocher notre fameuse « non reconnaissance d’Israël… » . Avant d’affirmer cela, il serait bon de définir ce qu’est cet Etat ! Un Etat qui n’a pas de frontières définies ; et qui refuse même l’existence de ces dernières puisqu’il repousse l’étendue de son espace à coups de canons ! Quel Etat d’Israël ? Celui qui n’a pas de Constitution ! Cette absence est d’ailleurs bien dommage, car elle aurait interdit la promulgation de toute une série de lois inégalitaires, racistes, qui ne seraient jamais été validées dans pays doté d’un vrai cadre juridique. A ma connaissance, l’apartheid n’est plus admis dans aucun pays démocratique ! Pour le Hamas, reconnaître Israël c’est donner une existence à un pays sans frontières et sans droit !

Le programme du Hamas : retour des réfugiés, Etat indépendant, Jérusalem capitale
Lisez donc quelle est la position du Hamas. Je ne parle pas de la charte du Hamas, écrite en 1987, qui est caduque aujourd’hui. C’est un vieux texte qui ne nous lie absolument plus. Ce dont je parle ici, c’est la position actuelle du parti politique Hamas. Elle n’a rien de caché, on peut facilement la découvrir dans nos programmes électoraux :

« Nous affirmons que la solution majeure pour notre nation, que l’intérêt de tout notre peuple, passent par la reconnaissance du droit au retour pour nos réfugiés, par la libération de notre lieu Saint, la libération de nos prisonniers et passe aussi par l’établissement d’un État indépendant ayant Jérusalem pour capitale. Cette solution doit s’achever par l’affirmation de nos droits et d’un destin conduit sans aucune pression extérieure. » Où trouvez-vous ici la volonté de « jeter les israéliens à la mer », selon le trop célèbre mythe véhiculé en Occident ?

De quoi parlerons-nous si, par miracle, vient le temps de la négociation ? En premier lieu, devrait être établi un cessez-le-feu bilatéral de longue durée, que nous appelons « tahadi’a ». De nombreuses fois, le Hamas a préconisé cette « tahadi’a ». Mais les Israéliens, comme si la perspective d’un état de paix les mettait mal à l’aise, l’ont toujours rompu. C’est sur ce modèle, celui de la fausse trêve, que des Palestiniens, dont la mort ne compte pas, sont chaque jour assassinés. Avec nous, s’il y a un cessez-le-feu de longue durée, un vrai cessez le feu, il sera respecté.

Notre deuxième exigence portera sur la liberté de voyager. Ce qui implique que le contrôle des entrées et sorties de notre territoire, à partir de l’Égypte, ne sera rien qu’une affaire entre des Palestiniens et des Égyptiens. Exigence aussi sur la reconstruction de l’aéroport. Il deviendra international et supprimera la nécessité du transit par Le Caire, assorti des six heures de route nécessaires. Enfin un port de mer doit ouvrir une voie de communication libre avec les autres peuples du monde.

Un programme pas si neuf pourtant ignoré à Washington, Londres et Paris
En cas de négociations séparées, ce qui aura été obtenu pour la bande de Gaza devra l’être aussi pour la Cisjordanie. Avec un accès libre et sûr à la Jordanie et la bande de Gaza. Ce qui ira d’autant mieux de soi que, conformément aux décisions de l’ONU, les Israéliens devront se retirer sur la frontière de 1967. Tout ceci serait accepté par le Hamas puisque c’est le contenu de la « page blanche » de son programme officiel. Celui dont on ne parle jamais à Washington, Londres ou Paris.

Ce programme n’est pas nouveau, c’était celui d’Abdelaziz (ndlr, le frère de l’auteur, co-fondateur du Hamas assassiné par Israël tout comme l’autre fondateur Mohamed Yacine) et d’Ahmed Yacine. Il est facile de se référer à leurs déclarations, les textes existent. Disons les choses franchement : le jour où quelqu’un veut vraiment parler de paix, il parle avec le Hamas. Tout le reste appartient à la société du spectacle. La vérité, je le répète, est que certains israéliens, et tous les sionistes, considèrent l’état de guerre comme leur ciment communautaire, une situation « post biblique », et que ceux-là ont peur de la paix.

Le Hamas = le Fatah moins la renonciation « à nos droits »
Globalement, nos exigences – frontières de 1967, liberté à Gaza et en Cisjordanie – sont proches de celles du Fatah. Mais il y a quelques différences. Nous, si nous sommes prêts à accepter cette nouvelle situation, celle du partage, nous ne voulons pas renoncer à nos droits. Nous n’acceptons pas de dire que nous sommes coupables de notre exil. Que c’est volontairement que nous avons quitté nos terres et nos biens en 1948. Quand on me demande : « Reconnaissez-vous Israël ? », je réponds : « Israël reconnaît-il que je suis un réfugié et que je peux retourner dans ma maison ? » Il faut qu’Israël et ses soutiens admettent que, dans ce drame, il y un envahisseur et des envahis. Mais si nous discutons d’un retrait israélien de Gaza et de Cisjordanie, d’une complète liberté, la région sera calme pour très longtemps. Alors, une deuxième discussion sera possible. Après vingt ou trente ans sans combats, des liens amicaux se seront tissés. Nous pourrons discuter sur un ton différent. On peut alors imaginer les populations des deux territoires choisissant librement de s’unir en un seul État. Bien sûr, qu’avant longtemps, les Israéliens n’accepteront pas cette solution inspirée de la sagesse. Au lieu de cela, je sais que les Israéliens apprennent toujours à leurs enfants que la Palestine est « leur » terre exclusive. Que les Palestiniens et les Arabes ont été créés par Dieu pour être leurs serviteurs. Cette culture devra donc changer.

Quand les juifs vivaient au sein d’une population majoritairement musulmane, ils bénéficiaient des droits de chacun, en complète égalité. Le droit de pratiquer leur religion, les droits économiques, le droit à l’emploi, la sécurité, la santé, au même titre que tout Palestinien. En Israël, dix à quinze pour cent des citoyens juifs savent très bien tout cela. Mais ils ont à se battre contre les Israéliens de droite et d’extrême droite. Ceux qui veulent étendre leur État vers le Golfe, et pourquoi pas du Nil à l’Euphrate ! Après Gaza, un jour les Israéliens se retireront de Cisjordanie. J’en suis certain. Je crains que cela ne se produise qu’après beaucoup de sang versé… Mais j’espère que les Juifs sauront raccourcir ce temps. Tout dépend d’eux. De leur côté, les Palestiniens savent qu’ils « doivent se gratter la peau avec leurs propres ongles », qu’ils ne doivent compter que sur eux-mêmes et que ce ne sont pas les « armées arabes » qui leur viendront en aide. Le jour où notre peuple arrivera à ce point de réflexion, le destin basculera en notre faveur.

PS : Les correcteurs des épreuves du livre ont malencontreusement glissé à la page 92 du livre un « je » inopportun transformant de ce fait Mohamed Al-Rantissi en tueur de collabos palestiniens. Une erreur bien sûr, celui-ci ayant déjà bien du mal à tuer ses patients.

http://www.bakchich.info/spip.php?page=imprimir_articulo&id_article=6743

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